Je suis née dans un monde divisé en deux. D'un côté vivaient les hommes cupides et avides de pouvoir et de l'autre les créatures de la Lande, douces et fragiles. C'est de ce dernier que je viens. Beaucoup d'habitants de la Lande avaient déjà eu à affronter la cupidité humaine mais pas moi. Je suis née et j'ai toujours vécu dans une Lande où les humains n'osaient plus venir, où ils craignaient beaucoup trop les créatures étranges qui se cachaient au fin fond de ses terres inconnues. Parfois je me dis que s'ils avaient su ce que renfermer la Lande, ils n'auraient sans doute pas attendu si longtemps avant de la détruire.

Revenons à nos moutons, la Lande vivait paisiblement, les humains n'osant pas s'approcher des abords de nos terres. Je grandissais dans le respect le plus total avec la nature. La plupart des habitants de la Lande m'appréciait et je les aimais en retour, ils étaient ma seule famille. Mes parents étaient morts, je sais que je devrais être triste mais je ne le suis pas, je sais qu'ils sont naît à nouveau sous une autre apparence et puis je les ai perdu lorsque je n'étais encore qu'un bébé, je n'ai aucun souvenir de ce à quoi ils pouvaient bien ressembler.

Mon enfance fut simple et paisible. Les habitants de la Lande vivaient dans la simplicité. Ils ne prenaient que ce dont ils avaient besoin et redistribuaient le reste aux autres habitants. Personne ne se préoccupait de chose superficielle comme l’apparence. Nous étions tous très différents les uns des autres, mais nous étions également tous pareils et nous vivions dans l’harmonie de nos différences. Je grandis assez rapidement, les fées avaient cette particularité. Sans que je ne m’en rende réellement compte, j’avais déjà le physique et le mental d’une petite fille humaine de 12 ans. C’est à ce moment-là de ma vie que celle-ci prit un tournant assez inattendu.

Un jour, alors que j’étais en train de voler entre les plus hautes falaises de la Lande, trois petites fées m’avertirent d’un danger : Un humain était venu voler quelque chose dans notre territoire. Personne n’en revenait, pas même moi. J’étais partagée entre l’excitation, l’appréhension et l’incompréhension. Comment pouvait-on vouloir voler quelque chose de la Lande ? Et surtout comment un humain avait-il pu entrer dans nos terres ? Tout cela me paraissait bien étrange. Je me précipitai à tire-d’aile vers l’endroit où l’on disait avoir vu l’humain. Je repérais bien vite le lieu : Deux gardes-chênes pointaient chacun une pique vers l’entrée d’une grotte cachée par de longues branches de saules pleureur. Je m’approchais doucement avec une légère appréhension. Qui était-il donc ? Je m’aperçus alors de quelque chose d’étrange : L’humain n’était pas plus grand que moi… En fait il me ressemblait physique, la même taille, les mêmes traits que la vie n’a pas encore tirés. J’ordonnais directement aux gardes-chênes de baisser leurs « armes » et priait le jeune garçon de sortir de sa cachette.

« - Non je ne veux pas, ils vont me faire du mal, et en plus ils sont moches ! »

Je vis le regard blessé d’un des deux gardes. Je tentais de rassurer le garde :

« - Ne l’écoute pas, je te trouve magnifique ! Et toi, dis-je en m’adressant à nouveau à l’inconnu. Tu peux sortir, ils ne te feront rien, j’y veille personnellement. Ils veulent simplement reprendre ce que tu as volé. »

J’attendis quelques secondes et le jeune garçon finit par sortir. Dès que son visage m’apparut, je fus de suite piqué de curiosité. Je n’avais jamais vu d’humain auparavant, et mon peuple les décrivait comme des êtres infâmes et putrides, rongé par leur cupidité… Pourtant, lui semblait si différent, il avait une certaine fierté dans le regard malgré le fait que son corps respirait l’innocence. Il me tendit l’objet du délit et j’aidais la jolie pierre à retrouver son chemin en le rejetant dans l’eau. L’enfant m’accusa et je lui dis expliquer doucement mon geste.
Naturellement, nous commençâmes à jouer ensemble, comme la plupart des enfants il faut s’en douter, il nous a suffit de trouver un terrain d’entente pour devenir amis. Il, du nom de Stephan, revint me voir souvent et alla jusqu’à abandonner son bien le plus précieux, une bague en argent, pour pouvoir me tenir la main. Au fur et à mesure des jours, je sentais un sentiment nouveau s’installer au fond de ma poitrine, il fut d’abord faible et fragile mais grandit et s’endurcit au fil du temps. Il avait atteint son point culminant lorsque le jour de mon anniversaire Stephan m’embrassa, un baiser d’amour véritable comme il le disait si bien.


Le temps change les gens, les humains plus précisément. Bien évidemment, j’évoluais moi aussi, je grandis, mes ailes devinrent magnifiques et immenses, traînant tout le temps derrière moi, et je compris plusieurs choses. Néanmoins quelque chose restait floue pour moi : Pourquoi Stephan ne venait-il plus me voir ? Je m’efforçais de la chasser de mon esprit alors que tous me répétait inlassablement que les humains étaient ainsi. On me désigna protectrice de la Lande. Cette grande responsabilité chassa peu à peu le garçon de mon esprit. Finalement, je n’étais peut-être pas mieux que les humains ?

Je volais et virevoltait, faisant le tour des frontières afin de m’assurer tout aller bien et qu’il n’y avait aucun souci. Généralement, je faisais ça uniquement pour avoir une occasion de sentir le vent fouettait mon visage et ébouriffait mes cheveux.
Pourtant, ce jour-là quelque chose vint troubler ma ronde : Des humains s’approchaient dangereusement des frontières de la Lande. Je me dépêchais de réunir nos « soldats » et de leur indiquer le point où ils devaient aller. Ce jour-là, nous gagnâmes une bataille contre les humains, bien qu’un pressentiment me dise que nous étions loin d’en avoir fini.

Notre vie redevint paisible, je…

« Maléfique ! Maléfique… ! »

Cette voix… Serait-ce ?

« Stephan ? Que fais-tu là ? »

Il avait tellement grandi, tout comme moi je suppose, mais lui était devenu un homme, certes un peu frêle mais un homme tout de même. Quelque chose se chamboula en moi tandis que je sentis mon cœur rater un battement. Nous discutâmes longtemps. Nous mangeâmes ensemble, il me fit la cuisine et je finis par m’endormir dans ses bras.

Cette journée avait été si douce qui aurait pu prévoir qu’une telle tempête aller arriver ?

Je me réveillai le lendemain avec une douleur à la tête comme si j’avais pris quelque chose que je n’avais pas supporté. J’avais mal dans le dos. Pourquoi ? Machinalement, je passais ma main au dessus de mon épaule et là… Je ne sentis rien. Aucune plume douce, rien. Je tournais ma tête et découvrit que je n’avais tout simplement plus d’ailes. Un cri déchirant sortit de ma bouche et je ne pus m’empêcher de pleurer toute la journée. Comment avait-il pu… ? Pourquoi avait-il… ?

Ce n’est que vers la fin de journée que je me relevais péniblement. Toutes ses larmes qui avaient coulés avaient également fait partir une partie de mon être. Je ne me sentais plus comme « Maléfique la gentille fée, protectrice de la Lande sans connaître les dangers », je me sentais beaucoup plus comme « Maléfique la fée, protectrice de la Lande contre tout ceux qui s’approcheraient de nos frontières ». Je ressentais cette envie de vengeance. Mon cœur se noircit à partir de cet instant. A partir de cette première trahison.


Je marchais dans les champs de l’autre côté des frontières de la Lande, un bout de bois que j’avais en grande canne avec à son extrémité un pommeau avec une pierre d’émeraude pour m’aider, quand j’entendis des bruits étranges à proximité dans les herbes hautes. Je m’approchais doucement tout en me faisant la plus discrète possible. Un homme, petit et trapu, venait d’attraper un corbeau dans l’un de ses filets et s’agitait autour de lui.
J’eus pitié de la pauvre bête, sans doute une part de l’ancienne gentille fée qui persistait, et décidais de lui venir en aide.

« Humain, murmurai-je. »

Le corbeau se transforma en humain, nu comme un ver certes mais humain tout de même. Le petit homme s’effraya du changement brusque d’état de sa prise et s’en alla en courant et en hurlant. Je m’approchais avec un sourire en coin de l’ancien oiseau. Ce dernier me réprimanda, je lui demandais, hautaine, s’il aurait préféré mourir. Bien sûr, il me répondit que non et qu’il me serait redevable. Un sourire malicieux s’immisça sur mes lèvres pendant que mes yeux pétillaient. Parfait, absolument parfait, ce cher Diaval sera mes nouvelles ailes pour aller espionner le château.


Les jours passèrent et les nouvelles se dégradèrent. Diaval revenait tout le temps avec de nouvelles informations. Stephan fut couronné roi, il se maria à une princesse voisine (c’était sans doute la nouvelle qui m’affecta le plus mais dont je laissais le moins paraître) et enfin le corbeau vint m’annoncer la naissance prochaine de la princesse.
Je ruminais, comment avait-il pu ? Comment ? Pourquoi ? Tout, absolument tout me rendait exécrable. Même Diaval, qui commençait pourtant à avoir l’habitude, faisait tout pour m’éviter le plus possible.
Cette solitude me permit d’élaborer un plan, c’était très loin d’être charitable de la part d’une fée mais si la vie m’a bien appris quelque chose c’est qu’elle est tout sauf charitable.
Diaval vint me voir le jour du baptême de la chose. Nous nous mîmes en route tout les deux. Une fois au palais, je fus alors sûr de ce que j’avais à faire. Je fis une entrée magistrale, saluait poliment Stephan et jetait ces trois petites sottes de fées dans une malle. Le roi me supplia à genoux d’épargner son enfant, il connaissait la grandeur de mes pouvoirs, mais lui, m’avait-il seulement laissé une chance de le supplier de m’épargner ? Non. De ce fait, je ne lui en laisserais pas une. J’observai le fuseau et lancer ma malédiction :

« Avant le coucher du soleil, le jour de son 16ème anniversaire, elle tombera dans un sommeil éternel ! Seul un baiser d’amour véritable pourra la sauver. Rien ne pourra briser cette malédiction ! »

C’est sur ces belles paroles que je m’en allais, certaine que l’enfant ne se réveillerait jamais, comme le passé me l’a apprit : Le véritable amour n’existe pas.

Je gardais tout de même un œil sur l’enfant. Le roi l’envoya avec les trois fées dans la forêt, certain que je ne les trouverais jamais là-bas. Raté, et cher Roi Stephan, tu as donné ta fille à trois empotées, elles tueront ton enfant sans que je n’ai besoin d’intervenir.
Les jours, les mois et les années passèrent, la petite mocheté grandit. Sans que je m’en rende réellement compte quelque chose se tissa entre nous, quelque chose qui n’aurait jamais dû arriver : Je commençais à apprécier cette enfant douce avec la nature et les autres êtres vivants, elle m’acceptait comme j’étais et semblait m’apprécier. Vraiment je me ramollissais.


Un soir, je raccompagnais Aurore chez elle. J’avais pris la résolution de retirer la malédiction, je n’étais finalement peut-être pas si Maléfique que cela. Seulement… Rien n’y fit. Mon enchantement resta en place comme je le souhaitais au début.

Bien entendu, le jour de son seizième anniversaire, j’étais inquiète. Je ne voulais pas la voir plongeais dans un sommeil éternel. De plus, ces trois gaffeuses de fées lui apprirent la vérité : J’étais celle qui l’avait condamnée. Aurore me renia et s’enfuit.

La suite fut plutôt évidente, Aurore se piqua à la pointe d’un fuseau et s’endormit dans un profond sommeil. Seulement avant cela, elle eut visiblement le temps de me voir transformer son pseudo prince charmant en monstre. L’ancienne Maléfique était de retour, sa part de bonté envoler. Je ressentais seulement le besoin d’être comme ça.


La malédiction de Regina m’emporta à Storybrooke où je fus transformé en dragon, condamné à garder la ville. Cette période fut pour moi assez vague, je n’agissais que par automatisme, comme si j’avais été programmé pour ça.

Ce n’est qu’à la malédiction créer par Blanche-neige que j’ai pu réellement commencer à m’amuser : Je surveillais Aurore comme au bon vieux temps et cette garce était visiblement heureuse, je la haïssais à nouveau, elle était avec son père malgré le fait qu’elle savait qu’il m’avait pris mes ailes. J’aurais dû les tuer lorsque j’en avais l’occasion. D’ailleurs je le ferais dès que j’en aurais l’occasion, dès que cette petite ville sera trop occupé pour se demander où est Maléfique, en attendant je pense que je vais m’amuser un peu avec eux.